Oberkampf

 

Le 4 octobre 1815 s'éteignait Christophe Philippe Oberkampf, le fondateur de la manufacture royale de Jouy-en-Josas où était fabriquée la toile de jouy. Deux cents ans plus tard, les commerçants de la rue Oberkampf à Paris ont voulu célébrer le bicentenaire de sa mort : l’occasion d'un joyeux rassemblement dont l'épicentre se situait à la boutique Onze. Chantal, la propriétaire des lieux avait pris à bras le corps l'organisation de l'événement. Chanteurs, acteurs, musiciens, créateurs ont été invités à s'inspirer de la fameuse toile de Jouy. L'opération fut un succès. Pour ma part, elle constitua un déclic. 

Je gardais précieusement dans mes placards une toile de Jouy ancienne, d’une finesse extraordinaire inconnue des impressions d’aujourd’hui. Cette toile, qui à l’origine tapissait les murs d’une chambre à coucher, représentait un trio amoureux pris dans un double jeu de regards, une mystérieuse lettre passant d'une main à l’autre. 

Captivée par ce marivaudage insouciant d'une noblesse ignorante des périls à venir, j’ai laissé dériver mon imagination et de fil en aiguille, puis de perle en plume, j’ai créé une autre histoire, plus tragique. Les visages découpés composent ils un collier de têtes réduites posées sur une coulée de plumes rouge sang ? Evoquent-ils les soubresauts de la terreur révolutionnaire et sa noblesse décapitée? A chacun d’y voir ce qui lui chante, ce que lui suggère son imaginaire…

Ce qui est sûr, c’est que depuis que j'ai réalisé cette série, mon travail a pris une autre direction, celle des fictions hasardeuses qui font de ces parures, plus que des accessoires de mode, des énigmes-à-porter.

 

Dinev Paris